nos interventions en EHPAD, maisons de retraite, résidences pour seniors...

 

Le projet d'intervenir auprès des personnes âgées est venu du constat de cloisonnement qui existe entre les différentes tranches d'âge dans notre société.

La solitude et l'isolement éprouvé parfois par nos aînés est un crève-cœur aussi nous vous proposons d'intervenir pour des ateliers philo / méditation de pleine conscience, afin de les aider à renouer avec le plaisir d’échanger et de discuter ensemble sur des questions relatives soit à leurs préoccupations personnelles, soit à l'actualité, soit à des questions d'ordre philosophiques et qui concernent tous les humains sur la terre.

 

A travers ces rendez-vous, plusieurs compétences sont travaillées de manière informelle pour rester dans une activité de loisir où la performance, la compétition ou le jugement sont exclus.

 

A travers les ateliers de débat philosophique, la personne âgée va renforcer son estime d'elle-même, sa confiance tout en travaillant ses compétences socio-cognitives, langagières, ses habiletés de penser.

 

Les dispositifs que nous mettons en place s'inscrivent tous dans une démarche de bienveillance et d'écoute.

 

L'intervenante peut partir à l'aide d'une boîte à idées de questions qui seront tirées au sort ou proposer un thème qui sera abordé sur une séquence de 3 séances, voire sur une durée plus longue, de façon hebdomadaire, mensuelle... Nous nous adaptons aux attentes des structures qui nous sollicitent.

 

Le projet pour chaque structure est pensé et discuté en amont avec les équipes encadrantes et s'adapte aux besoins des personnes accueillies.

 

La durée de chaque atelier est d'une heure et ne nécessite pas de matériel spécifique.

 

Voici quelques unes des questions que nous proposons au cours de nos interventions. Cette liste est loin d'être exhaustive !

 

- Comprend-t-on les autres comme on se comprend soi-même ?

- Nos différences sont-elles un obstacle pour se comprendre ?

- La souffrance peut-elle avoir un sens ?

- Peut-on se sentir coupable d'être triste ?

- Serions-nous plus heureux si nous étions immortels ?

- Existe-t-il un âge pour mourir ?

- Quand devient-on vieux ?

- La jeunesse est-elle un état d'esprit indépendant de l'âge ?

- Es-ce une chance de vieillir ?

- Peut-on être heureux si les autres ne le sont pas ?

- Travailler, est-ce seulement gagner sa vie ?

- Peut-on se définir par son handicap ?

- Peut-on ne jamais mentir ?

- Toute vérité est-elle bonne à dire ?

- En quoi la coopération est-elle un remède à l'individualisme ?

 

 

 

Pour plus de renseignements, n'hésitez pas à nous contacter.

 

Un article à découvrir : « Philosopher en maison de retraite »

Publié le 18 Juillet 2014 – Extrait de l’excellent  Blog de Bruno Guitton de « Café conseil »

 

 « Il nous a semblé que la forme d'intervention la mieux adaptée aux maisons de retraite ou résidence pour personnes âgées, était celle du café philo, ou ici, en l’occurrence, du goûter philo.

En général, cette intervention de pratique philosophique réunit une quinzaine de personnes autour d'un philosophe médiateur qui fait choisir un thème ou une question qui va être examinée dans la séance, après avoir été mise aux voix. Sauf pour la première session où nous imposons le thème de la vieillesse. En effet, les participants, le plus souvent, souhaitent s'interroger sur sa définition : qu'entendre par vieillesse ? Les autres thèmes, travaillés dans six institutions différentes (maisons de retraite et résidences ou foyers) nous ont fait penser la sagesse, la relation intergénérationnelle, la mort, le futur, l'argent, la solidarité, la dignité, la fin de vie, etc.

En ce qui concerne les outils méthodologiques : la conceptualisation et la critique ont été largement usitées. La conceptualisation consiste en une construction de la définition d'un terme dans une progression dialectique qui essaye de préciser, à chaque étape, le sens du mot en le problématisant. Ainsi, si pour certains, la vieillesse est un processus temporel, une évolution qui mène à la mort, on peut considérer à juste titre la vieillesse, comme les mots du général De Gaulle nous l'intimaient à penser : un lent naufrage. On l'entend comme une dégradation de l'être qui trouverait sa fin (moment terminal, ainsi que son but) dans la mort. Mais si l'on peut effectivement retenir cette définition, on n'en obtient pas pour autant un concept. Que faire de ces éléments définitionnels soulignés par certains de nos participants : « la vieillesse est une maturation » ? Grâce à elle, une forme de lucidité sur soi, le monde et les autres, se dégage, s'affermit et convoque le sain jugement. Vieillir est alors se rapprocher de la sagesse. La mort vient au terme de ce processus, non pour arracher l'être à la vie, mais pour couronner la vie heureuse, ou la vie avec le savoir. Le concept s'élargit tout en se précisant: la vieillesse peut se définir comme processus biologique d'affaiblissement et de dégradation certes, mais aussi comme processus de maturation spirituelle. L'autre outil, la critique, permet le véritable dialogue. Si l'on veut savoir ce qu'est la vieillesse véritablement, il faut soumettre les éléments conceptuels précédents à une analyse critique où l'on juge de leur faiblesse, imprécision, caractère dogmatique, partial parce que partiel par exemple. Ainsi, la vieillesse comme ce temps qui amène l'être à sa fin, n'est pas une idée tenable. La mort tragique d'un hommes de trente ans ne nous fait pas dire que c'est sa jeunesse qui l'a amené à sa fin, pourquoi alors universaliser ce temps de la dernière partie de la vie, comme ce qui en lui-même, est porteur de la déchéance, signe de l'approche de la fin ? De plus, faire dépendre la sagesse d'une accumulation de connaissances d'expérience, c'est supposer qu'on sait ce qu'on a vécu, l'enseignement qu' il faut en tirer, certains participants, avec humour, ont dénoncé cette opinion : certains individus ont vécu longtemps sans en savoir bien plus...

La philosophie ne donne pas de réponse, mais rebondit d'un questionnement à un autre.

Et si penser philosophiquement induisait nécessairement cette posture du rebond ? Et si l'existence impliquait le système de renvois d'une interrogation à une autre ? C'est la raison pour laquelle nous prenons en charge cette opinion du caractère de la philosophie comme système de renvois inlassables, en la faisant juger par celles et ceux qui la défendent : alors la vieillesse ne serait-ce pas le moment de la vérité d'un échec puisqu'on pense sur la pensée, se questionne sur les questions, conceptualise sur les concepts? Considérez-vous que le temps de la vieillesse consacre la faillite de la recherche du sens ? Si le rebond philosophique consacre une aporie, une voie sans issue, n'est-elle pas celle de l'existence en général ? Il est difficile d'affronter cette difficulté: penser ne traduit parfois que nos incertitudes, ou les impasses de nos recherches... L'autre doute de mes interlocuteurs porte sur le choix des thèses ou des définitions : pourquoi plus l'une que l'autre ? Le dialogue expose continûment des positions, celles des sujets qui ne cherchent qu'à s'exprimer. On est face au relativisme bien connu de Protagoras : l 'homme est la mesure de toutes choses. Contre cet énoncé toujours singulier des points de vue sous prétexte de tolérance démocratique, on doit affirmer la recherche déterminée de la vérité qui s'appuie sur la critique. Or parfois, la critique bute contre la civilité, la politesse, voire l'extrême délicatesse des vieilles personnes. Le médiateur doit alors faire preuve de détermination pour ouvrir le champ critique, sans blesser les susceptibilités ; critiquer consiste à critiquer une thèse, non la personne qui la soutient. Le « je » du discours n'est pas le « je » d'une présence physique ou une subjectivité singulière, mais le « on » impersonnel du discours logique soutenable par n'importe qui. Mais il faut convenir que même ces difficultés conduisent à un enrichissement de la pensée. A condition de les articuler avec de belles réussites...

Avouons notre bonheur à travailler avec le troisième âge ! Et cela sans démagogie aucune. On a affaire à des gens curieux, souvent cultivés ou désireux de l'être, sincèrement et avec persévérance. Le goûter philo permet une expression que les personnes âgées n'ont pas toujours. Même si les institutions font de grands efforts pour les considérer comme des êtres adultes et autonomes, qui sentent que le regard que l'on porte sur elles apparaît de toute façon différent.

Avec la philosophie, elles sont de purs esprits qui pensent. Elles accèdent à une universalité humaine de la raison qui les intègre dans la grande communauté de ceux qui s'interrogent et en jouissent. Les réussites dans le travail d'analyse se soldent par des sourires qui en disent long sur la fierté de l'homme dont la dignité s'éprouve dans la saisie de la pensée par elle-même. Oui ! Faire de la philosophie, ou philosopher, est bien en soi une activité profondément positive. La seconde vertu se résumerait à la beauté de la découverte des auteurs que nous proposons à titre d'illustration. Penser une idée et s'apercevoir qu'elle est platonicienne remplit d'aise nos anciens. Sans doute parce qu'ils savent ce que la culture doit à l'histoire et l'histoire à la culture pour nous aider à penser. Mais ce n'est pas tout.

Le troisième avantage de cette activité est la création d'une sorte de petite communauté de la réflexion et de l'analyse dans la maison de retraite : l'examen de questions philosophiques importantes pour l'existence permet à des individus de nouer des relations humaines sur et à partir de l'essentiel. Ainsi, on observe souvent une sorte de mise en perspective des existences. Prendre une position sur une question, la défendre, critiquer une idée que l'on juge superficielle ou fausse, etc. toutes ces attitudes en rendant le discours plus sûr, synthétisent un passé, le jugent, lui dégagent un sens que l'on propose aux autres, que l'on confronte aux autres. On s'engage à se positionner et on se positionne avec tout le recul d'une vie...Les échanges correspondent donc à ces confrontations de vie où les rapprochements humains ne sont pas rares.

 

Philosopher en maison de retraite est donc à recommander ! »